La date du 06 Avril est lié à un événement : Il s’agit de la guérison de Maman Nkiantondo par papa Simon Kimbangu. Un fait du hasard ? Un fait d’opportuniste ? une mise en scène ? NON. Mais bien une manifestation de la puissance divine et de l’éclatement de la lumière de l’évangile en Afrique.
En effet, nous sommes au début du XXè siècle. S’il faut situer l’événement dans son contexte, nous dirons :
- Politiquement, pour l’Afrique en général et le Kongo (RDCOngo, Congo Brazzaville et l’Angola) en particulier, la traite négrière vient d’être abolie. Entre-temps, c’est la colonisation qui bat son plein. D’une propriété privée du roi Leopold II, la RDCongo est devenue par la suite une colonie belge. Le Congo Brazzaville est entre les mains des Français, l’Angola revient aux Portugais et ainsi de suite à force qu’on avance dans les coins et recoins de l’Afrique. L’ Afrique est donc ce gâteau que les participants à la conférence de Berlin se sont donné le luxe de se partager.
- Religieusement, plus d’une langue n’hésite pas à trouver que la colonisation s’était fait un complice : il s’agit de l’évangélisation missionnaire. Car, l’objectif était le même : dominer le noir. Il suffit de lire le discours du roi Léopold II aux prêtres qui allaient exercer au Congo pour s’en rendre compte. Même le rapport des experts récemment présenté à la commission parlementaire belge sur le passé colonial de la Belgique au Congo frôle cette complicité et cite l’ exemple de cette complicité dans le traitement réservé aux fils de papa Simon Kimbangu (1). Alors que fallait-il attendre d’une telle oeuvre missionnaire avec ce rôle contraire à l’évangile sinon préparer les Africains à la docilité, à la soumission? D’autre part, quels fruits devaient porter l’évangile annoncé par les missionnaires si d’où ils sont venus (l’occident) l’église traversait une sécheresse spirituelle ?
Partant, Christ n’a pas mâché ses mots à leur égard en s’adressant à Papa Simon Kimbangu : «Mbuene vo bantu bame bena kaka muna tombe kia nkobo. Minsamuni miansamu a mbote miatekila kabatuadisanga nsikudusu zame ko ye basadilanga mavangu ma bau kibeni. Bubu wutu, ngeye nsolele mpasi vo wasingika salu kiokio. Sikama wadiatisa zimpangi zaku mukubasonga ntemo a mpuluzu mpasi vo bakatuka mu kiwayi ye bakota mu kimpuanza»(2).
Ce qui se traduit par : « je vois que mon peuple continue à croupir dans les ténèbres les plus profondes. Les missionnaires qui ont précédés, ne se conforment è mes prescriptions et n’agissent que selon leur désir. Maintenant, je te choisis pour redresser la situation. Lève-toi pour conduire tes frères et leur faire découvrir la lumière du salut, les libérant ainsi de la servitude».
Ainsi donc, après une Énième rencontre avec le Christ, papa Simon Kimbangu, donna un cachet special au culte matinal qu’il allait diriger le 06 avril 1921 : il prit soin d’avertir sa femme, maman Muilu la nuit tombant du 05 Avril 1921 que la tâche de sonner la cloche pour le culte matinal du 06 avril 1921 revenait à elle. Culte matinal ? Est ce que l’eglise kimbanguiste existait déjà ? Disons : Avant le 06 Avril 1921, Non. Mais après le 06 Avril 1921, Oui ! Parce que l’église kimbanguiste est né sur les cendres de la paroisse baptiste de Nkamba que papa Simon Kimbangu dirigeait en tant que catéchiste; naissance qui a pour élément déclencheur, la guérison de maman Nkiantondo, survenue le 06 Avril 1921, mal perçu du côté protestant et considéré plus tard comme une déviation.
Comme nous le disions, sur demande de papa Simon Kimbangu, maman Muilu sonna la cloche pour le culte matinal. Une fois le culte terminé, papa Simon Kimbangu prit avec lui papa Kisolokele et ils allèrent vers le marché de Nsona. C’est en traversant le village de ngombe Kinsuka que Christ lui apparut de nouveau et lui ordonna de guérir maman Nkiantondo. Ce qui fut fait pour la gloire du Seigneur. D’où le bouleversement de l’ordre religieux établi jusque-là et le soulèvement des états majors tant de l’administration coloniale que des missionnaires pour empêcher l’oeuvre. Mais c’était peine perdu. Car, «kana vo wantu be kangua, Nzambi ke kangua ko».
L’histoire montre que papa Simon Kimbangu sera convoqué à Ngombe-Lutete, siège de la mission baptiste, par une lettre écrit le 17 avril 1921 et se présentera le 19 Avril 1921 pour une interrogatoire qui portera sur la nouvelle église qui se dessine(3) . Comme il fallait s’y attendre, la rupture interviendra le 18 Mai 1921 après l’humiliation subit par le Révérend Jennings, responsable de la mission baptiste, à N’kamba(4).
Ainsi la paroisse de N’kamba laissée pour compte c’est-à-dire abandonnée à papa Simon Kimbangu deviendra le berceau de l’église Kimbanguiste encore embryonnaire et sensée se frayer un chemin donc, faire cavalier seul contre vents et marées.
Il sied d’ajouter que l’événement du 06 Avril 1921 fut aussi perçu comme une réaffirmation de la spiritualité traditionnelle par la plupart de ceux qui ont suivi papa Simon Kimbangu. Car, depuis les temps immémoriaux, les bakongo invoquaient le nom de Kimbangu à tout moment qu’ils se retrouvaient en face d’une fausse couche c’est-à-dire à la naissance d’un mort-né. Les Bakongo réalisaient un rite dans lequel ils invoquaient : «kimbangu fula muana» et l’enfant revenait à la vie. Le 06 avril 1921 et les événements qui s’en sont suivis ( la résurrection de Dyna par exemple) ont mis donc l’humanité, en général, et les bakongo, en particulier, face à face avec le Kimbangu qu’ils invoquaient.
Dans la même liste, il sied aussi d’ajouter que le 06 Avril 1921 est aussi l’accomplissement d’un messianisme. Rappelons-nous que lors du déclin du royaume Kongo, une prophétesse est apparue nommée Kimpa Vita. Sa lutte était basée sur la restauration du royaume. Mal compris, elle sera condamnée et brûlée vif en 1706. Mais avant sa mort, elle a laissé ce message: «Moi, vous m’aviez vaincu. Mais celui qui viendra Kimbangu, sera invincible». Il se vérifie que l’affluence des gens qui, dans la plupart, venaient des anciens territoires du royaume Kongo (RDCongo, Congo Brazzaville et l’Angola) montre que le 06 Avril 1921 et les événements qui s’en sont suivis justifie ce messianisme. Car, les Bakongo se sont souvenus des paroles de Kimpa Vita et se sont retrouvés en face du Messie Kimbangu prophétisé par maman Kimpa Vita.
Voilà donc en quelques mots l’historique du 06 Avril 1921, considéré avec raison comme date de la naissance de l’église kimbanguiste.
Bruxelles, le 03 Avril 2022.
Révérend KALEMBA MANZO CONSTANTINO.
Pasteur.
(1)Cfr. COMMISSION SPÉCIALE CHARGÉE D’EXAMINER L’ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO ET LE PASSÉ COLONIAL DE LA BELGIQUE AU CONGO, AU RWANDA ET AU BURUNDI, SES CONSÉQUENCES ET LES SUITES QU’IL CONVIENT D’Y RÉSERVER RAPPORT DES EXPERT, BRUXELLES,26 octobre 2021, p;160.
(2)Diangienda Kuntima, Ntuadusulu yensikudusu za dibundu, Nkamna, 1970,
Ed. Impriki, p.1.
(3)Diangienda Kuntima, Histoire du Kimbanguisme, Kinshasa,1984, Ed.kimbanguiste,pp. 44-45.
(4)Idem;p.45.
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